Densité, orientation de plantation et palissage

Densité, orientation de plantation et palissage

La densité de plantation est un sujet important car il influence à la fois la quantité et la qualité de production et également le coût de production en impactant les conditions de la mécanisation du travail. Nos appellations nous imposent un minimum de 5500 pieds par hectare qui représente au maximum de production autorisée de l’ordre 1,3 bouteille par pied ce qui nous paraît excessif pour produire une haute qualité. Toutes nos plantations depuis près d’un quart de siècle sont réalisées entre 6700 et 7000 pieds par hectare ce qui nous permet une
mécanisation confortable (1,5 m d’espacement standard entre rangs) et production faible par pied ramenée au maximum légal entre 0,8 et 0,75 bouteille par pied bien que notre cible moyenne se situe seulement entre 0,5 et 0,65 bouteille par pied ! Dans ces conditions nous produisons 0,5 à 0,6 kg/m² de surface foliaire exposés tandis qu’il est reconnu que l’on peut produire de raisin de qualité sous nos latitudes jusqu’à 1,2-1,5 kg/m². Y-a-t-il un intérêt à augmenter significativement plus les densités ? Pourquoi ne pas cultiver 10 ou 12 000 plants par hectare ? Les plantations médiévales en foule non mécanisée atteignaient beaucoup plus (50-60 000) jusqu’au XIX e siècle. Le Médoc possède des densités moyennes de l’ordre de 10 000 pieds par exemple. Une plus grande densité permet de produire moins par pied et plus par hectare, c’est donc un paramètre améliorateur du potentiel qualitatif certain. Cette très haute densité est bien adaptée aux sols extrêmement pauvres, avec
des vignes à faible vigueur et avec une bonne disponibilité en eau en été. Sur des sols naturellement plus profonds comme sur l’ensemble de la rive droite et avec une proportion d’argile plus élevée, la forte densité risque d’induire une vigueur individuelle nettement plus forte qui ne sera que peu compensée par l’effet concurrence accru entre pied…Ce surcroit de vigueur individuel peut causer un entassement excessif favorables aux maladies (Mildiou, Pourriture grise) ou un problème de coulure du Merlot à moins de réduire drastiquement la vigueur du porte-greffe ; mais quid alors du risque d’une insuffisance d’alimentation en eau
en été ? De plus, le coût de la mécanisation est très sensiblement plus élevé car elle nécessite dans ces conditions des équipements moins standards. En fin de compte, à part l’aspect médiatique permettant de se gargariser d’une densité de plantation plus forte que celle de ses voisins, en laisser penser implicitement que l’on produit donc bien meilleur, je ne suis pas convaincu de l’intérêt du bilan très positif d’une augmentation si importante de la densité à notre échelle sans pour autant avoir, comme je viens de l’expliquer, un avis négatif sur la
question. La décision de l’orientation de plantation influence directement l’exposition au rayonnement du soleil. C’est donc un paramètre qui va influencer la qualité du raisin. Ce choix se raisonne parfois basiquement par la simple taille de la parcelle ou sa topographie en pente. Mais dans les autres cas on doit la raisonner en fonction du cépage et du type de sol. Sous notre latitude
bordelaise, autour du 45 e parallèle nord, les deux expositions sont tout à fait envisageables. L’orientation nord-sud a l’avantage d’offrir une position exposée au soleil du matin et neutre vis-à-vis du soleil à son zénith, là où il est le plus chaud mais pendant une durée limitée. La position est-ouest induit une exposition modérée le matin et une insolation supérieure pendant l’après-midi jusqu’à ce que le soleil se couche, soit une exposition plus forte et plus longue en été. On comprend ainsi que, selon que le sol soit profond ou superficiel, avec une réserve en eau utile faible ou élevée produisant une densité de feuillage modérée à forte, et que le cépage soit plus précoce ou tardif, nous devions choisir intelligemment l’orientation la mieux adaptée et pas simplement penser à l’optimisation du virage des tracteurs. La gestion du feuillage et notamment de l’effeuillage se fait en tenant compte de ce paramètre capital : les vignobles est-ouest ne sont normalement effeuillés qu’au soleil levant pour éviter les brûlures. Ce n’est pas le cas partout, mais notre région Bordelaise, le vignoble doit (pour être mécanisable) être palissé sur des armatures en fil métallique tendues sur des piquets de bois.
Nous avons toujours et maintenons l’utilisation de piquets en bois, de châtaignier, plus durables dans le temps, ou désormais d’acacia (fendu si possible), plus économiques et disponibles localement. Les piquets métalliques représentent une alternative économique intéressante à très long terme mais avec un bilan carbone désastreux (piquet bois 4 kg Carbone/t contre 1000 kg eq.C/t pour le métal galvanisé). De même, les fils de palissage que nous utilisions en inox car inoxydable ont été remplacé par un retour au galvanisé avec une économie financière et aussi un bien meilleure bilan carbone (-40% d’émission). Tous les liens utilisés pour le calage ou le palissage doivent être de nature organique (jonc,osier, raphia, tissu recyclé) : toutes les matières plastiques sont à proscrire en Agro-Synergie !

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