Le rôle de l’homme doit se borner à compenser les exportations des récoltes qui ne peuvent être rapidement ou facilement restituées au sol. Pour ce faire et depuis toujours (plus de 50 ans déjà), nous adoptons une fertilisation organique régulière à base de sous-produits d’origine végétale et animale (fumier ovin ou bovin, composts de poisson ou de guano) certifiés d’origine biologique de manière à n’introduire aucun intrant perturbant.
Ces apports périodiques, mais non systématiques, sont calibrés quantitativement et qualitativement grâce à l’analyse de sol. Ils complètent le broyage des sarments de taille au sol : le brûlage « traditionnel » des bois en hiver, toujours très répandu encore de nos jours malheureusement, induit une perte énorme de matière organique endogène et a été abandonné en ce qui nous concerne depuis 2005 ; le broyage sur un sol biologiquement actif (non désherbé) n’entretient aucune maladie du bois contrairement au mythe encore répandu !
Nous ne pouvons pour le moment restituer les marcs de pressurage qui doivent encore aujourd’hui être livrés à l’état pour afin qu’il en extrait l’alcool résiduel (prestation vinique obligatoire)…Cet absence de restitution totale entraîne, avec la minéralisation naturelle de la matière organique, une exportation de minéraux et une perte d’humus que les couverts végétaux permanents ne permettent de compenser qu’en partie. Un apport complémentaire est donc utile tous les trois à cinq ans par rotation d’une parcelle à l’autre. Il serait souhaitable que chaque viticulteur en Agro-Synergie puisse systématiquement entretenir un cycle biologique vertueux visant à réintroduire au sol la majeur partie de la matière organique produite par la culture et qui n’est pas exploitable directement.
La fertilisation compensatrice d’urgence peut-être parfois nécessaire pour lutter contre des carences ou des déséquilibres liés par exemple à des conditions climatiques particulières qui modifient la capacité du système racinaire et du microbiote rhizosphérique à bien nourrir la vigne (voir plus loin le chapitre protection phytosanitaire). Dans ces conditions des apports foliaires à base soit de thés de compost, soit de macéras de plantes, soit de minéraux particuliers (macro et surtout oligo-éléments issus d’algues marines), permettront de rééquilibrer l’état nutritionnel de la plante à des moments clés de son développement (avant et pendant floraison, nouaison, encadrement de la véraison) pour notamment bien la préparer à des attaques d’éventuels parasites ou faciliter l’accumulation de réserves dans ses bois et ses fruits.