Les plantations, complantations ou racottages en Agro-Synergie

Les plantations, complantations ou racottages en Agro-Synergie

Nous ne réalisons désormais aucune plantation mais seulement des replantations (après arrachage) ou des racottages (remplacement des pieds morts sur place, ou complantation) car nous ne disposons plus de sols neufs non cultivés antérieurement dans nos appellations.

La replantation s’effectue comme expliqué plus haut après une longue période de régénération biologique du sol. Après l’arrachage des vieux ceps, et l’élimination des grosses racines de vignes recyclés comme bois de chauffage, une succession de cultures va permettre de restaurer des potentialités du sol plus ou moins érodées par la monoculture permanente. A cette occasion on peut être amené à corriger certains déséquilibres de la composition minérale que nous révèlerait l’analyse du sol (0-30 cm) ou du sous-sol (30-60 cm). On procède alors à ce que l’on appelle une « fumure de fond » destinée à compenser ces éventuels déficits pour tout ou partie de l’existence de la future replantation. On utilise systématiquement des amendements minéraux certifiés d’origine naturelle compatibles avec le référentiel de l’agriculture biologique. Depuis la mise en place de notre méthode de régénération des sols avant plantation, il n’est plus nécessaire généralement d’apporter un amendement organique massif, preuve s’il en est de son efficacité. Le taux de matière organique totale (MO) avant plantation oscille désormais entre 2,0 et 2,5%, ce qui n’est pas très important mais qui est néanmoins suffisant pour la vigne à condition de gérer ensuite le sol en compensant plus que les pertes d’humus annuelles par la gestion du couvert végétal, des retours naturels et d’un amendement compensatoire régulier permettant une mobilisation rapide mais sans excès. Le ratio Carbone/Azote (C/N) de l’amendement doit se situer entre 10 et 15 pour entretenir une bonne activité biologique sans être minéralisé trop rapidement (C/N <9) ou bloqué excessivement longtemps (C/N>20) en provoquant éventuellement un déficit d’azote disponible pour la vigne. Peu à peu l’objectif d’un taux de matière organique en proportion de celui des éléments fins (Matière Organique/limons fins + argiles > 0,15), variant entre 2,2 et 3,5% (sur 0-30 cm, avec une proportion MO liée/libre de 70 :30), est atteint progressivement entre deux et cinq ans. En cas de besoin de compensation, on doit utiliser un amendement organique d’origine biologique mêlant carbone végétal et azote animal (fumier pailleux composté, compost complexe) en proportions équilibrées, sans enfouir l’apport en profondeur pour qu’il demeure actif. Les plantations sont réalisées avec des greffes soudées fournis par des pépiniéristes, soit bio, soit non bio selon la disponibilité sur le marché, mais ce n’est pas un sujet très important à ce stade car le vignoble sera ensuite quoi qu’il en soit conduit en mode Agro-Synergique. La question du type de greffe est par contre on sujet qui me préoccupe car depuis de nombreuses années la qualité du greffage nous apparaît malheureusement assez variable...Nos cépages bordelais ne sont pas les plus affectés quand on les compare par exemple à la Syrah qui pose manifestement plus de problème en raison d’antagonismes flagrants avec certains clones de porte-greffe et le mode de greffage (greffe oméga) désormais généralisée. Les conséquences d’un greffage mal soudé sont dramatiques, mais malheureusement difficiles à contrôler car pouvant se révéler après plusieurs années… Or, la technique même du greffage en "oméga" est structurellement inadéquate. D’abord, la zone de contact des tissus cambiaux est très réduite et fragile, car il faudrait utiliser des végétaux de diamètre et de conformation identiques. Pire encore, cette greffe mécanisée pour des objectifs de rendements, consiste en une coupe transversale des végétaux, ce qui déchire et nécrose les fibres, alors que seules les coupes propres et obliques les respectent. Aussi, les fiches mâles et femelles de l’Oméga donnent une apparence de maintien solide, mais les tissus concernés et accolés étant la moelle et le xylème (bois), ils ne peuvent ni se souder, ni se régénérer, puisque la vascularisation est imparfaite. Avant trente ans, les parcelles de vignes des cépages les plus sensibles à ces champignons sont décimés, et méritent d'être arrachés, tandis que les variétés les moins sensibles sont dans un état de dégradation très avancé. La mécanisation du greffage des plants de vigne correspond donc à une nouvelle réduction de l'espérance de vie des vignobles contemporains. On regrette donc la greffe anglaise en fente et le greffage sur place de nos anciennes plantation (on plantait en terre d’abord le porte-greffe puis on réalisait l’année suivante, ou deux an plus tard, la greffe sur place, en fente ou à l’anglaise selon le diamètre des bois ; nos parcelles les plus anciennes (1970) sont plantées de cette manière). Ce mode de greffage est bien moins intéressant pour les pépiniéristes car moins rentable, mais je pense à terme bien plus intéressant pour le viticulteur et sans doute à introduire de nouveau de manière plus sytématique. 

 

https://www.plan-deperissement- vigne.fr/sites/default/files/L%20Impact%20de%20la%20greffe%20sur%20la%20recrudescence%20de%20l'esca%20par%20

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