Qui de l’évolution du climat et de ses répercussions à moyen et long terme sur l’équilibre des cépages ? Exemple à Bordeaux.

Qui de l’évolution du climat et de ses répercussions à moyen et long terme sur l’équilibre des cépages ? Exemple à Bordeaux.

Je réfléchis en permanence à ce que sera ou devrait être notre vignobles dans 25 ou 30 ans si le climat devait durablement évoluer dans le sens que l’on nous prédit. Pour ce faire nous devons prendre les décisions maintenant : les vignes que nous plantons aujourd’hui seront celles que nos successeurs utiliseront demain. La pensée Agro-Synergique c’est essentiellement anticiper. Il faut éviter de reproduire les erreurs qui se sont enchaînées après l’invasion phylloxérique du début du XX e siècle et le grand gel de 1956. Ces évènements dramatiques ont provoqué des replantations trop rapides, avec des cépages souvent mal sélectionnés, des porte-greffes pas toujours bien adaptés et ont entrainé l’abandon de variétés pourtant ancestrales. Nous étudions en permanence les caractéristiques de tel ou tel cépage, dans telle ou telle situation ; mon expérience de consultant à l’international me permet d’observer un grands nombre de variétés dans des configurations extrêmement différentes et de tirer certaines hypothèses et conclusions pour notre propre profit. L’Agro-Synergie c’est apprendre de ses erreurs et aussi du succès des autres.
A l’heure actuelle, je suis convaincu que l’introduction rapide de nouveaux cépages cultivés de nos jours beaucoup plus au sud serait une grave erreur pour s’adapter à ce que l’on appelle le « réchauffement climatique ». La syrah rhodanienne, le Tempranillo espagnol ou le Touriga Nacional portugais sont de grands cépages que je pratique et que j’adore depuis longtemps.
Pour autant, leur introduction à Bordeaux bouleverserait profondément le profil de nos vins ; mais surtout ils ne retrouveraient pas les conditions de Terroir idéales pour leur pleine et typique expression : un gâchis en perspective !
L’histoire des vignobles de Bordeaux est synonyme d’une évolution permanente ;
contrairement à ce que l’on peut penser rien n’est figé à Bordeaux 1 . Les cépages blancs et rouges se sont succédés, le profil des vins a considérablement évolué tout au long des siècles passés. Personne ne peut donc se revendiquer d’un goût ou d’un style plus authentique. Tout dépend quand est-ce que l’on décide de faire commencer « l’histoire ».
En matière d’évolution des cépages dans l’avenir, je suis plus confiant dans le rééquilibrage de cépages anciennement cultivés voire totalement oubliés à une certaine époque car difficile à murir de manière régulière à l’époque. Je pense d’abord, pour faire suite au Malbec et au Petit Verdot déjà cultivés, à la Carmenère, un demi-frère très tardif du Merlot (Fer x Txakoli
= Gros Cabernet x Cabernet Franc (père) = Carmenère). Je pense ensuite aux cépages anciens comme le Tarnais, le gros cabernet (grosse vidure), le Manseng noir (Mancin, cousin du Tannat) et d’autres encore (Pardotte, Saint Macaire…), variétés largement exploitées jusqu’à l’arrivée du phylloxéra et qui sont a priori bien adaptées à un réchauffement du climat en raison de leur cycle végétatif décalé. Mais plus que de réchauffement, il faut surtout parler de dérèglement climatique. Notre climat tempéré océanique à Bordeaux devient avant tout moins tempéré et donc plus extrême. Les étés caniculaires récents et les sécheresses estivales, jusque-là totalement anachroniques, 

Bordeaux : une histoire de cépages. JB. DUQUESNE BBD Editions ISBN 979-1-09-5856108

Ne doivent pas faire oublier les millésimes froid et pluvieux (2021). Il ne faut donc surtout pas miser tous sur des cépages soi-disant mieux adaptés au réchauffement car plus tardifs ou tout simplement plus sudistes…le Merlot, réputé objectivement le plus sensible, a démontré son énorme potentiel même en 2022 lorsqu’il est implanté sur les sols adaptés, cultivé et récolté de manière appropriée.

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